Cuir : Choisir entre couture manuelle et à la machine
Les outils utilisés
La couture du cuir à la main est une technique qui sombre dans l’oubli. Elle consomme beaucoup de temps contrairement à la couture à la machine.
Lorsque j’ai débuté le travail du cuir, j’ai appris la couture à la main car comme j’ignorais si j’aimerais ça, je ne voulais pas investir de 3 à 5 mille dollars pour une machine à coudre le cuir. Au début c’est fastidieux : définir la ligne de couture, perforer les trous à la main avec une alêne, la couture elle-même… bref coudre un sac à main peux prendre de une demie à une journée entière, selon la complexité du sac.
Alêne pour perforer le cuir
Avec l’expérience on change nos façons de travailler, on se procure des outils plus performants. On remplace par exemple l’alêne qui ne perce qu’un trou à la fois, à la force des doigts, par un poinçon qui peut en faire de 1 à 8 à la fois et que l’on utilise avec un maillet. Comme on sauve du temps à la perforation, on se permet des articles plus complexes et donc le temps de couture fini par demeurer le même.
Poinçon à perforer le cuir
Les raisons d’une couture manuelle
Une solidité éprouvée
Mais alors, pourquoi ne pas utiliser une machine et coudre en beaucoup moins de temps? La réponse est facile : pour la solidité!
En effet, la couture manuelle se fait avec la technique un fil deux aiguilles, le point de sellier. Les 2 aiguilles se croisent dans le même trou de couture, chaque bout de fil étant indépendant de l’autre. Dans la couture à la machine, le fil du dessus va chercher le fil du dessous et le maintient par une boucle. Si le fil casse ou use, la couture à la machine se défera entièrement, ou partiellement, mais créant un trou. Avec la couture manuelle, si un fil casse, l’autre maintient quand même les pièces ensemble puisqu’ils sont indépendants. Voir le schéma ci-dessous.
Illustration du bris d’une couture à la machine (en bas) et manuelle (en haut).
Tirée du livre ‘The Art of Handsewing Leather” de Al Stohlman
Et à la longue, la couture manuelle devient un exercice très relaxant, satisfaisant et gratifiant. Alors que certains iront vers des procédés presqu’entièrement mécanisés, un nombre croissant, mais encore très restreint, de maroquiniers font revivre ces techniques ancestrales. Il est important pour moi de perpétuer cet héritage artisanal.
Une flexibilité inégalée
J’aime aussi la grande flexibilité du choix de fils. Avec une machine on sera restreint par la grosseur d’aiguille, et les fils disponibles sont relativement limités.
À la main je peux utiliser un fil de polyester, un fil de lin, de coton, du fil de nerf (sinew) artificiel ou naturel.. j’ajuste la taille de fil selon le type de cuir utilisé mais aussi selon l’effet de couture voulu. Est-ce qu’une couture apparente serait plus appropriée qu’une couture discrète? Est-ce une couture de maintient ou décorative? Dois-je respecter une norme historique?
Mes choix écologiques
Ma préférence va au fil de lin et au fil de nerf naturel pour leur solidité. Me procurant le fil de lin naturel et non traité je peux donc le teindre soit de la même couleur que le cuir, d’une couleur contrastante ou simplement d’une autre tonalité. Je choisis toujours un fil de nerf naturel puisque je l’utilise habituellement dans des pièces de reconstitution historique.
Le fil pour la couture à l’aiguille doit être ciré afin de bien glisser dans les perforations du cuir et résister à l’abrasion de multiples passages. Dans une machine le fil ne doit pas être ciré. Par soucis écologique et d’achat local, j’utilise de la cire d’abeille de producteurs québécois.
Je possède tout de même une machine maintenant, mais une machine manuelle, sans moteur, actionnée par une manivelle à main, qui sera utilisée surtout pour des coutures décoratives, ou sur certains petits articles à couture droite et répétitive tels que couverture de livre ou portefeuilles ou encore des endroits difficiles à atteindre, restreints.
Mes réalisations
Vous pouvez retrouver l’ensemble de mes créations sur ma page artisan. Elles ont toutes été réalisées par les techniques décrites ci-dessus.
En voici quelques exemples : Bourse médiévale, Sac à main, Bracelets de cuir…
Pour toutes questions complémentaires ou sur les possibilités d’une réalisation personnalisée ou sur mesure, n’hésitez pas à me joindre, il me fera plaisir de vous répondre.