La Fonderie d’art d’Inverness
Je suis arrivé dans la région de l’érable, trois semaines avant le confinement.
Un peu perdu, un peu désorienté, je cherchais du travail et une amie m’a fait visité la fonderie d’art d’Inverness, dirigé par Emmanuel Descoutieras.
Je n’avais jamais mis les pieds dans une fonderie auparavant, alors mon amie m’a présenté chaque pièce.
La découverte de la fonderie
Les procédés de réalisation
Réaliser une sculpture en bronze nécessite plusieurs étapes.
Pour réaliser une œuvre en bronze, il faut d’abord reproduire l’œuvre originale de l’artiste. Cette première étape se fait à l’étage de la fonderie. Il s’agit d’effectuer une copie de l’œuvre en cire après avoir réalisé son moule. Plusieurs petites corrections seront nécessaires après le démoulage afin d’enlever les petites imperfections dues à la duplication.
SCULPTURES EN CIRE
À l’étage du dessous, différentes pièces sont consacrées à recouvrir la duplication en cire par de la céramique. Ce procédé s’obtient par trempages successifs de la copie dans de la céramique liquide. Une fois solidifiée, il faut faire chauffer cette combinaison de cire et de céramique à très haute température afin de faire évaporer la cire et ne garder que la céramique.
Cette coquille vide obtenue aura les propriétés nécessaires pour supporter la chaleur du bronze ou du cuivre liquide lors de l’étape de la coulée. Une fois le tout refroidi totalement, on libère l’œuvre de bronze en cassant la coquille de céramique.
Les plus grosses pièces ne peuvent être réalisées en une seule fois. On procède alors à des étapes d’assemblage. Certaines corrections peuvent être nécessaires afin d’obtenir la réalisation parfaite de l’œuvre.
La dernière étape consiste au choix des finitions. Ce travail se fait en collaboration avec l’artiste en personne. Il s’agit des patines, avec un chalumeau et des concentrés d’acides colorés liquides. On donne ainsi vie et couleurs aux pièces créées dans une autre matière auparavant.
Un univers incroyable rempli d’outils, de machines, de techniques, de réflexions créatrices et artisanales.
L’autoclave envoie de la vapeur d’eau chaude à 160°C sous haute pression sur la sculpture de cire entourée de céramique. Cette vapeur chaude sous pression agit de deux manières :
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- Elle oppose une force pour neutraliser les contraintes liées à la dilatation de la cire alors chauffée.
- Elle va faire fondre la cire.
Je vous recommande vivement de lire le bel article ” Le processus de création d’une œuvre en fonderie d’art” de Sabrina Raby publié dans le blogue de la région de l’érable le 29 avril 2020.
Mon implication à la fonderie
Trois jours plus tard, je suis retourné voir Emmanuel et il m’a engagé comme employé. Pour la première fois depuis que j’ai obtenu mon diplôme en lutherie, j’ai senti que les capacités et les compétences que j’ai développé ces 9 dernières années pouvaient être utiles, à la bonne place. Cet événement m’a apporté beaucoup d’apaisement, de confiance et de motivation dans la vie en général.
Mais voilà, une semaine après, le mot d’ordre était de se confiner. Je n’avais pas vraiment de chez moi. Par chance, Emmanuel avait un logement disponible, à côté de l’atelier. J’ai eu un mois et demi pour m’installer.
Je suis vraiment sorti de ma zone de confort : un nouvel emploi, une nouvelle région et un nouveau contexte incertain avec l’arrivée de cette pandémie. J’ai voulu partager mon expérience dans mon article Confinement et créativité. Il m’est apparu important à ce moment-là de montrer qu’il existe toujours des voies et des ressources permettant de surmonter tous les obstacles.
Aujourd’hui, la porte de mon nouveau travail est à peu près 4 mètres de ma porte d’entrée. Je pense avoir réglé mes problèmes de ponctualité au travail !
J’ai commencé par travailler la cire pour comprendre les différents enjeux et pour m’entraîner un peu…Cette semaine, le patron m’a donné une promotion, j’ai (pour la toute première fois) mon espace établi à l’atelier avec tous les outils nécessaires pour travailler!
Mes journées se rythment au son de la grindeuse (meuleuse angulaire), du dremel, de marteaux, de plaque a sabler électrique!
Depuis que j’ai quitté l’école de lutherie, je récupère des outils d’occasion, je les répare, je me débrouille et j’apprend beaucoup. Alors que là, il y a tout ce dont j’ai besoin (et même des outils que je ne connaissais pas encore) à ma disposition.
J’ai le sentiment d’avoir mis les pieds à la bonne place, au bon moment.
La révélation
J’ai 29 ans, j’ai appris la lutherie et découvert l’artisanat ces 9 dernières années ce qui m’a poussé à fabriquer des didgeridoos car j’aime profondément la musique qu’on peut faire avec ces instruments.
Les prochaines années risquent d’être très chargés. Mes projets se complexifient et s’entrecroisent à mesure de mes nouvelles capacités.
Cette nouvelle expérience m’a permis d’abolir de mon vocabulaire le terme « travail alimentaire » pour lequel je pensais toujours y perdre du temps et de l’énergie. Il me permettait de subvenir à un revenu de base.
On me demande de tenir la place d’artisan en m’adaptant à chaque œuvre. Notre intervention doit être complètement invisible pour que ce soit une copie conforme du travail de l’artiste. Je ne perds plus de temps. Je progresse et je m’entraîne pour mes propres projets en plus de travailler 40h par semaine pour la fonderie.
Ma créativité est en ébullition. Ma place se définit de plus en plus clairement. Je deviens et je serai un artisan pour le reste de ma vie.
Alors, on y va à fond. Ce n’est plus le temps de douter. Je veux aller encore plus loin dans mes fabrications de didgeridoos et de guitares
J’ai progressé ces dernières semaines et grâce à mes nouvelles installations, tout est plus pratique et efficace. Sur 6 sculptures externes, 3 ont été évidés. Vernis, et jointés
À suivre…
Si vous voulez suivre mes créations, vous pouvez cliquer ci-dessous sur le lien de ma page artisan. Vous y découvrirez l’ensemble de mes œuvres Didgeridoos mais aussi mes cours-ateliers pour vous aider à progresser dans votre univers musical.